Car la procrastination n’a jamais résolu aucun problème

En mai 2021, le Conseil fédéral a abandonné l'accord-cadre sans avoir le moindre plan B. Résultat : la politique européenne de la Suisse est désormais dans une impasse et les conséquences deviennent de plus en plus concrètes. 

Si nous persistons dans cette impasse, les accords bilatéraux, qui sont essentiels pour le succès de la Suisse, s’étioleront peu à peu. Déjà aujourd’hui, les chercheuses et chercheurs suisses sont exclus des projets de recherche européens et les exportations vers le marché européen deviennent plus difficiles pour les entreprises de certains secteurs. 

Les accords bilatéraux nous ont avant tout offert une chose : la liberté. La liberté de travailler, de vivre, d'apprendre, d'entreprendre et d'aimer sans contraintes partout en Europe. Ces libertés sont aujourd’hui en jeu. Plus nous attendons, plus la Suisse sera perdante en termes de libertés et de prospérité.

L’impasse dans laquelle se trouvent nos relations avec l'Europe est aujourd’hui l’un des plus grands problèmes structurels de la Suisse. La peur de perdre une partie de son électorat ou d’afficher ses divisions internes a contribué à faire de la politique européenne le sujet tabou par excellence. Les problèmes des relations entre la Suisse et l’Europe se trouvent aujourd’hui à Berne bien plus qu’à Bruxelles.

Le 25 février dernier, le Conseil fédéral a dévoilé une approche pour l’avenir de nos relations européennes qui n’empêchera pas la lente disparition de la voie bilatérale. Le Parlement débat certes d’une initiative parlementaire pour une loi sur l’Europe. Mais comme pour l’accord-cadre, le risque est grand de voir les acteurs politiques renoncer devant l’obstacle par peur de prendre leurs responsabilités sur un sujet complexe. Si la voie parlementaire échoue, alors l’initiative populaire sera le seul plan de secours. 

Notre politique européenne est si profondément dans l'impasse que seule une politique d'opposition constructive donnant un mandat contraignant au Conseil fédéral nous permettra d’en sortir. 

L'initiative sur l’Europe doit définir les objectifs fondamentaux de la politique européenne de la Suisse, empêcher l'érosion de la voie bilatérale et obliger le Conseil fédéral à retrouver sa capacité d'action en matière de politique européenne. La Suisse doit ainsi pouvoir mettre à jour ses anciens accords avec l'UE et en conclure de nouveaux. Pour cela, nous avons besoin d’une solution institutionnelle, qui garantisse à la Suisse la possibilité de participer à l'élaboration des normes qui la concerne et qui clarifie les mécanismes de règlement des différends. L'initiative sur l’Europe laissera ensuite au Conseil fédéral la marge de manœuvre nécessaire à la réalisation de ces objectifs.

Notre politique européenne doit également nous amener à nous poser une question fondamentale : quelle est notre place en Europe et dans un monde globalisé ? Pour nous, la réponse est claire : nous faisons partie de l'Europe et l'Europe fait partie de nous. A un moment où l'on tente de détruire l'idée européenne à coups de bombes, la Suisse doit décider où elle veut aller. Avec l'initiative sur l’Europe, nous voulons inscrire dans la Constitution le fait que la Suisse est - et doit être - partie prenante au projet européen de paix et de libertés et en être solidaire.

Aujourd’hui, ni le Conseil fédéral ni le Parlement n'ont de solutions crédibles pour sortir de l'impasse. La procrastination n’ayant jamais résolu aucun problème, nous avons désormais besoin d’un véritable réveil de la société civile, des milieux économiques, des milieux de la recherche et - bien sûr - des milieux politiques.

Opération Libero cherche à construire une large alliance pour l’Europe. Nous voulons lancer un grand débat sur notre place et notre rôle en Europe, nous voulons faire pression sur les institutions politiques, nous voulons mener une politique d’opposition constructive. Pour cela, nous voulons donner au Conseil fédéral un mandat contraignant en matière de politique européenne.