
Pour une perspective à long terme de toutes les personnes en fuite en Suisse
Appel pour une Suisse accueillante
Pour une Suisse accueillante
La Suisse doit jouer un rôle actif et solidaire dans la réponse unie de l'Europe à la guerre d'agression de Poutine.
Ce vendredi 11 mars, le Conseil fédéral décidera de la manière dont il entend protéger en Suisse les personnes ayant fui la guerre en Ukraine. Il s'est certes prononcé en faveur d'une « protection rapide et non bureaucratique » et veut activer pour la première fois le statut de protection dit « S ». Nous nous en félicitons. Mais la protection globale de toutes les personnes en fuite en Suisse n'est pas assurée avec les propositions du Conseil fédéral. C'est pourquoi nous devons faire pression jusqu'à vendredi.
Nous demandons :
- La Suisse doit participer rapidement et pleinement à l'accueil des personnes qui ont fui leur pays et leur offrir des perspectives en Suisse. L'"orientation vers le retour" du statut de protection "S" est une approche tragiquement mauvaise. En toute vraisemblance, la guerre ne sera pas courte, et même si elle devait l'être contre toute attente, la répression viendra après la guerre. Les personnes chassées par la guerre de Poutine ont donc besoin d'une nouvelle, d'une seconde patrie, et non d'un refuge. Les faire attendre dans l'espoir illusoire d'une paix prochaine est préjudiciable à tous.
- La politique humanitaire de la Suisse doit tenir compte du fait que la guerre s'accompagne d'une vague de répression contre les les dissident·es de tous bords. Le statut doit donc aussi pouvoir offrir une protection contre les persécutions individuelles, proposer dès le départ une nouvelle patrie (au lieu d'une "orientation vers le retour") et garantir un accès complet et non bureaucratique au marché du travail (sans délai d'attente). La relation entre le statut de protection "S" et la procédure d'asile régulière n'est actuellement pas encore claire.
- Les personnes de nationalité non-ukrainiennes fuyant le pays doivent également pouvoir bénéficier de la protection de la Suisse. Il doit couvrir toutes les personnes qui souffrent du régime de Poutine, y compris les non-Ukrainien·nes vivant en Ukraine. Les dissident·es, les objecteurs de conscience et les déserteurs de Russie, de Biélorussie et d'Asie centrale doivent avoir accès à une procédure d'asile en Suisse.
- L'approvisionnement en électricité et en énergie de la Suisse et de l'Europe doit être diversifié et durable, afin de garantir une plus grande indépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz de Poutine.
- La Suisse doit s'engager clairement en faveur de la construction européenne en tant que projet de paix et de liberté et y participer activement.
Nous faisons partie de l'Europe, l'Europe fait partie de nous. Nous sommes Suisse·sses, Ukrainien·nes, Russes, Européen·nes. Nous sommes l'Europe.
Rien ne menace plus le régime de Poutine qu'une démocratie qui fonctionne dans son voisinage. Son attaque contre l'Ukraine est un danger pour toute l'Europe et une attaque contre la démocratie dans toute l'Europe. Il agit selon le principe de la loi du plus fort. Il place la force des chars et de la propagande au-dessus du droit international, de la coopération internationale et de l'intégrité territoriale des démocraties.
Nous condamnons fermement cette guerre contre l'Ukraine, contre la démocratie et contre la liberté.
La guerre d'agression de Poutine met à l'épreuve le projet de paix qu’est la construction européenne. Aucun projet n'est plus fondamental pour la démocratie libérale. Si celui-ci devait échouer ou stagner alors que des régimes autoritaires prennent de l'ampleur et gagnent en puissance, alors nos acquis les plus fondamentaux en termes de droits et de libertés seraient en jeu. La liberté de l'Ukraine est aussi notre liberté.
La manière dont nous réagissons définit l'avenir de notre continent. La manière dont nous réagissons montre ce que nous défendons et montre notre attachement aux libertés fondamentales.
L'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie ont déposé ces jours-ci une demande d'adhésion à l'UE. Cela montre que le projet européen est une garantie solide pour la démocratie. La meilleure garantie possible en ces jours sombres. L'Europe défend la paix, l'État de droit et les droits humains.
L'invasion de l'Ukraine par Poutine est une attaque contre les trois piliers de l’Europe : la paix, la liberté et la démocratie.
Et l'Europe a créé ce qui n'a jamais pu voir le jour dans l'Union soviétique : Une réponse institutionnelle à la question de savoir ce qui vient après l'ère des empires. L'Europe a pu créer les conditions institutionnelles de la paix, qui sont aussi importantes que la capacité de défense militaire.
La Suisse ne doit pas rester à l'écart. L’Europe c’est nous.
Seule une Europe unie et forte, qui s'engage avec véhémence pour la paix et la liberté, peut arrêter les Poutine de ce monde. La Suisse, en tant qu'État européen, ne doit pas rester à l'écart. Plus que jamais, nous devons œuvrer de manière solidaire et active en faveur du projet européen de paix et de liberté.
La Suisse doit maintenant jouer un rôle actif et solidaire dans la réponse unie de l'Europe à la guerre d'agression de Poutine. La liberté de l'Ukraine est aussi notre liberté. L’Europe c’est nous.
